L’Eglise, une vieille dame qui rajeunit quand on la connaît mieux…

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Dans son œuvre intitulée « Le Pasteur » écrite au milieu du 2ème siècle, Hermas nous raconte 3 visions de l’Eglise qu’il a reçues successivement en songe. Voici un extrait de ses propos : « Dans la première je l’avais vue très âgée et assise dans un fauteuil. Dans la suivante, elle avait l’aspect plus jeune, mais le corps et les cheveux encore vieux ; elle me parlait debout et était plus joyeuse qu’auparavant. Lors d’une troisième vision, elle était entièrement jeune et très belle : d’une vieille elle n’avait plus que les cheveux ; elle fut extrêmement joyeuse et était assise sur un banc… ».

1 800 ans plus tard, on peut être surpris de ce rêve où on y découvre une institution qui semble rajeunir avec le temps. Mais en quoi ce rajeunissement pourrait-il opérer ?

Pour comprendre, observons simplement les faits décisifs qui ont jalonné l’histoire de l’Eglise Catholique en France depuis les premières communautés qu’Hermas a côtoyées.

Même si beaucoup d’évènements ont pu marquer la construction de l’Eglise durant le premier millénaire, arrêtons nous vers l’an 1000. A cette époque un véritable empire chrétien s’est constitué grâce à Charlemagne, mais l’Eglise est sous le pouvoir de laïcs : les Papes et les ministres de l’Eglise sont au service des Empereurs ou des Rois. Une crise profonde s’installe qui contribuera largement au schisme ayant conduit entre autres les orthodoxes à se séparer définitivement des catholiques en 1054 et il faudra attendre Grégoire VII (Pape entre 1073-1085) pour qu’une réforme remette l’Eglise sur la voie de l’évangélisation. Elle introduit alors une ère nouvelle de construction de cathédrales, de développement d’universités… Mais c’est aussi un temps où croire s’est mis à signifier « adhérer à des vérités à tous prix » : l’inquisition et les croisades ont vu le jour.

Pendant les 500 années qui se sont écoulées après la réforme Grégorienne, les chrétiens vont connaitre la guerre de 100 ans, le Pape Borgia et ses frasques, des prêtres autodidactes parfois ignorants du contenu de la bible, des scandales dans certaines abbayes… Mais également des personnages extraordinaires comme St-Dominique, St-François d’Assise, St-Bernard ou St-Ignace de Loyola, pour ne citer qu’eux.

Une nouvelle crise traverse le 16ème siècle qui va se traduire par un nouveau schisme à l’origine du protestantisme. Mais ce drame marquera aussi un sursaut très important de l’Eglise catholique : le concile de Trente (1545-1563) qui irrigue encore aujourd’hui le catholicisme. On lui doit entre autres la théologie, le droit sacramentaire, le devoir de résidence des évêques, la formation du clergé dans des séminaires, le caractère sacramentel du mariage, le catéchisme, le développement de l’art baroque, le droit canon, une grande réforme liturgique…

Mais l’ordre n’est que de courte durée dans l’Eglise de France puisque la révolution de 1789 va bouleverser les choses et la faire entrer dans une tourmente. Elle se manifestera en 3 étapes : la première république, le concordat et la loi 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Ferdinand Buisson, président de la commission parlementaire chargée de mettre en œuvre cette loi, dira en 1905 : «  Qu’est-ce que l’Eglise aujourd’hui auprès de ce qu’elle était en 1789 ? On lui a tout enlevé semble-t-il, de ce qui faisait sa force : titres, privilèges, richesses, honneurs et monopoles. Or elle tient incontestablement dans la France d’aujourd’hui une place qu’elle n’avait pas jadis : elle a développé son action bienfaisante, charitable, philanthropique ; elle a aujourd’hui, par ses « œuvres » de toute espèce, une popularité plus grande que jamais et du meilleur aloi. »

1 900 ans auront été nécessaires pour libérer l’Eglise de nombreuses entraves dans la compréhension du message de Jésus et lui redonner la jeunesse nécessaire à la production de ce qui va marquer un tournant décisif à son épanouissement : le concile Vatican II (1962-1965). De grandes constitutions en sortirent sur le dialogue avec le monde, la liberté religieuse, la place de l’Ecriture et son lien à l’histoire, l’œcuménisme, la charge des évêques, le rapport avec les religions non-chrétiennes. On lui doit également une nouvelle liturgie (célébration d’un peuple de Dieu en fête plutôt qu’en pénitence ; la relation à Dieu passe de la « soumission » au « dialogue », de l’instruction à la communication) ainsi que la réapparition du ministère des diacres (hommes mariés et actifs dans la société) disparu depuis plus de 1000 ans.

C’est certainement dans une Eglise rajeunie que nous vivons aujourd’hui, grandie par l’attention aux plus pauvres, à l’origine de toutes ses transformations. Mais correspond-elle pour autant à la 3ème vision d’Hermas : « … elle était entièrement jeune et très belle… » ? Un pas considérable est encore à franchir : faire confiance à l’autre comme le Christ a fait confiance lui-même !…


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