Donner la vie

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Noël : « et Marie mit au monde son fils premier-né ». Accoucher d’un enfant est certainement la première manière de donner la vie, et c’est une aventure (certains disent « miracle ») belle et extraordinaire. L’adoption en est une autre forme (ce fut le cas pour Joseph !). Et on peut penser aux beaux-pères et belles-mères des couples recomposés, ou aux deux papas et deux mamans des couples homosexuels.

S’engager au service des pauvres et des souffrants, comme l’ont fait par exemple Raoul Follereau ou sœur Emmanuelle est une autre forme de fécondité.

Avoir des enfants, ce n’est pas seulement leur donner la vie biologique. Une mère-porteuse n’est pas au sens plénier “mère“. Donner la vie inclut d’assumer la responsabilité de faire grandir l’enfant. Et l’éducation, elle aussi, peut être assimilée à un enfantement.

Éduquer, c’est conduire quelqu’un à émerger d’une existence naïve, et à aider à prendre sa vie en main, de manière consciente, libre et responsable, pour diriger son existence. C’est donner à l’enfant, homme en devenir, la possibilité de construire sa vie de manière personnelle, de développer ses propres talents tout en intégrant les acquis culturels, les valeurs morales et spirituelles de l’humanité.

A ce niveau, il faut souligner l’importance de l’éducation à l’altruisme et au don de soi. « L’amour des parents, de source qu’il est, devient l’âme… qui inspire et guide toute l’action éducative concrète, en l’enrichissant des valeurs de douceur, de constance, de bonté, de service, de désintéressement, d’esprit de sacrifice, qui sont les fruits les plus précieux de l’amour. » (Jean-Paul II). Enfin, les parents chrétiens sont invités à proposer à leurs enfants tout ce qui est nécessaire à la formation progressive d’une conscience chrétienne.

Citations :

« Il faut, avant de donner la vie, l’aimer et la faire aimer » (H. Bordeaux).

« C’est très joli la vie. Mais cela a un inconvénient, c’est qu’il faut la vivre. » (J. Anouilh).

« Cette cloison qui nous sépare du mystère des choses, et que nous appelons la vie » (V. Hugo)

Chansons :

Je serai là – Teri Moïse – https://www.youtube.com/watch?v=-ojQYUAvqFo

Donne-moi une vie – Yannick Noah - https://www.youtube.com/watch?v=dr2mSdJ0kP8

VOIR :     -     Quelles peurs peuvent s’emparer de ceux qui s’appètent à donner la vie ?

  • Quelle différence de ressenti entre parents et grands-parents devant le bébé ?
  • Ressemblances et différences entre donner la vie et adopter…

JUGER :  -     Pourquoi donner la vie puisque c’est aussi… programmer la mort ?

  • Au bébé qui demanderait : « pourquoi je suis né ? », que répondrez-vous ?
  • Quelles autres façons de donner SA vie en complément de donner LA vie…

AGIR :     -    Pour élargir la question, si j’allais regarder Jean 8/12 et 10/10, et Mathieu 19/16.

  • Comment je fais profiter de mon expérience à des jeunes parents ?
  • Si je suis pour le don d’organe, l’ai-je fait savoir ou inscrit dans mes papiers ?

Donner la vie ou donner sa vie ?

Chronique de Marie-Pierre Genecand, dans la revue Le Temps, le 7 novembre 2017

(www.letemps.ch/opinions/donner-vie-donner-vie)

Vieillir, c’est bien. Ça permet de remettre en question ses convictions. Mes trois enfants ont entre 20 et 24 ans, et j’ai longtemps pensé, comme le poète libanais Khalil Gibran, que je leur avais donné la vie, tout simplement. C’est-à-dire qu’avec leur père, on les avait mis au monde, mais qu’ensuite, chacun d’eux avait très vite pris son destin en main et avancé en suivant son fil distinct. Cette certitude était fondée sur la force de leur caractère et leur puissance d’action, constatées au quotidien.

« Ils savent déjà tout »

Je me disais : « On pense qu’on crée des êtres fragiles, démunis, qu’il va falloir guider, mais, regarde, ils savent déjà tout. C’est fou comme ils sont déjà entiers, définis, singuliers ! » Cette observation m’a permis beaucoup d’autonomie et de décontraction. J’ai grandi à côté d’eux, en même temps qu’eux – sans doute aussi parce que je les ai eus avant 30 ans – et je n’ai jamais pensé l’éducation en termes de sacrifice, ni d’autorité. Je n’ai donc pas donné ma vie, au sens « sacrifié ma vie », pour les élever.

Quel boulot !

Mais aujourd’hui, je constate que je leur ai quand même donné ma vie. Déjà, je suis beaucoup plus inquiète pour eux. Il ne se passe pas un jour sans que je ne prie le ciel de protéger l’un, soutenir l’autre, inspirer un troisième. Devenir adulte est un tel boulot ! Surtout, je réalise que leur père et moi, nous avons donné notre vie au sens de la transmission.

On retrouve beaucoup de bouts de nous dans ce qu’ils sont. Tellement, d’ailleurs, que c’est troublant. L’art, l’écriture, le goût du débat, le dynamisme, le sens du travail, le fort tempérament, etc. Là, le don est patent. Autrement dit, on fait souvent des « petits nous » ou plutôt des « grands nous » en faisant des enfants. Pas des clones bien sûr, la réplique n’est pas 1:1, mais, parfois, la transmission est assez béton.

Proximité de profil

C’est bien ? Je ne sais pas. Dans un premier temps, c’est charmant, évidemment. D’autant que, dans notre cas, nos enfants ont, je crois, pris le meilleur et laissé de côté les mauvais aspects de nos personnalités ! Mais se retrouver en eux est aussi stressant. Car on revit ce qu’on a vécu il y a trente ans et l’on se sent une grande responsabilité.

Si mes enfants suivaient une formation de médecin, cuisinier ou spéléologue, si leurs attitudes se situaient aux antipodes des miennes, je serais aussi impliquée, mais de loin. Là, vu la proximité de profil, je sais souvent parfaitement ce qu’ils vivent et je trouve étrange, cette pliure du temps. Donner, se donner, libérer, conditionner… Aujourd’hui, c’est sûr, je ne vois plus le rôle de parent avec autant d’insouciance et de légèreté qu’avant.


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