Cultes des morts

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Cycle « PARTAGE DE VIE » 

Il y a quelques années, Claude BARBEROT, alors prêtre de la paroisse de St-Marcel, avait lancé un cycle trimestriel de réunions/débats destiné à faire dialoguer croyants ou non-croyants autour de fondamentaux de notre vie. Il nous a semblé intéressant de remettre à jour et de vous partager les documents supports à ces réunions, afin qu’en famille ou entre amis ces questions intemporelles puissent faire à nouveau l’objet d’échanges.

A compter du mois de novembre 2020, un nouveau thème sera proposé chaque mois.

Le principe est simple :

  • Le thème est présenté à travers un texte introductif
  • Quelques citations viennent compléter cette introduction
  • Un texte contemporain, tiré d’une revue, d’un livre ou d’un journal, vient enrichir le thème.
  • Des questions sont ensuite proposées afin de VOIR, JUGER et AGIR. Elles peuvent être traitées individuellement, ou servir de support au débat lorsqu’on est plusieurs.



Partage de Vie N°1 : Le Culte des Morts

Novembre 2020

Depuis l’aube des temps, les hommes ont ressenti le besoin de commémorer leurs morts. Ce qui les distingue des animaux. Par peur ou par amour, ils ont développé au fil des temps des rites permettant d’apprivoiser la mort. Et chaque peuple d’inventer ses propres coutumes collectives ou personnelles, selon l’idée qu’il se fait du sort de ses défunts, de la façon de leur plaire et d’en honorer la mémoire... Dans la Rome antique, on donnera aux mânes des ancêtres la place centrale dans la maison. En chrétienté, on enterrera les morts près des églises, voire à l’intérieur, comme pour les faire ou bénéficier, ou participer à la prière !

Ainsi Ulysse leur portait à manger quand nous leur portons des fleurs ! Il est assez clair que dans leur grande majorité, ces rites ne s’adressent pas au corps des morts, mais à leur âme. En Guadeloupe, on illumine les cimetières de milliers de bougies ; au Mexique, on ira chanter et danser près des tombes ; en Sicile ce sera l’occasion d’offrir des cadeaux aux enfants de la part des défunts. A titre individuel, certain tomberont dans l’excès d’une tombe imposante, ou dans les visites quotidiennes au cimetière. Il est à noter dans notre pays que le succès de la crémation modifie nombre de nos habitudes...

Très tôt s’instaurera dans l’histoire une fête annuelle des morts. En occident, le nouvel-an Celte (le 1er novembre) se marquait par des festins rituels masqués ! L’Église récupèrera ces rites païens et cette date en instituant au 9ème siècle la « feste de toz sainz », notre Toussaint. Et l’Abbé de Cluny Odilon ajoutera le 2 novembre une journée d’aumônes et de prières pour les défunts « ordinaires ».

Alors, nos rites sont-ils une fin en soi, ou un moyen de communion (la communion des saints) ? Ils seront simple fin en soi, occasion de souvenir si on refuse l’idée de survie. Dans le cas contraire, ils seront moyens de se rapprocher des défunts, voire de leur être bénéfiques par des prières (des messes) dans la perspective d’une purification en cours (le purgatoire).

Citations :

« La nuit la plus sombre a une fin lumineuse » (Nisâmî, sâge persan)
« Je voulais parler de la mort, mais la vie a fait irruption, comme d’habitude. » (Virginia Woolf)
« Je m’en vais par le chemin de tout le monde » (Roi David)
« Au fond, personne ne croit à sa propre mort, et dans son inconscient, chacun est persuadé de son immortalité » (Sigmund Freud)

Chansons récentes :

« Immortels » (Alain Bashung) :
- https://www.youtube.com/watch?v=E5rIb1t6Ukw

- https://www.youtube.com/watch?v=fvAP0L-6qp4

« Demain dés l’aube » (Les Frangines, d’après le poème de Victor Hugo) :

- https://www.youtube.com/watch?v=SGLv4XoiLo8

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Le cimetière doit-il être un lieu de vie ou un sanctuaire ?

Article de Céline BRUET publié dans le journal Paris-Normandie le 31/10/2017

« En cette fête d’Halloween quoi de mieux qu’un cimetière pour honorer les morts. À la seule lueur de votre bougie, des personnages réels et légendaires se rappelleront à votre bon souvenir. À moins qu’ils ne soient vraiment de la fête. » Cette annonce de visite du cimetière Saint-Jean d’Elbeuf est parue en juin dans le programme biannuel des « Rendez-vous de la Métropole ». Mais c’est sa publication, il y a quelques jours sur internet, qui a mis le feu aux poudres. Dans la foulée, une pétition est née, recueillant en ligne plus de 250 signatures d’habitants dénonçant le manque de respect et l’indécence d’une telle initiative. « Il y a eu manifestement une incompréhension, reconnaît Émilie Lhoste, responsable du label Villes et Pays d’art et d’histoire à la Métropole Rouen Normandie. Sorti de son contexte, le texte peut paraître maladroit. »

À la première lecture, l’invitation évoque en effet plus une animation costumée pour se faire peur, avec sorcières et feu follet, qu’une visite patrimoniale sur l’architecture des caveaux... « Le but n’était pas de gêner. Mais nous sommes convaincus de l’intérêt de découvrir ce cimetière et son histoire. Ce n’est juste pas le bon moment », tranche Émilie Lhoste, qui a décidé de reporter cette visite, initialement prévue le 3 novembre, au mois de janvier.

Sur internet, on peut encore lire les commentaires indignés. « Je suis outrée, le cimetière n’est pas un endroit pour jouer mais pour se recueillir », s’émeut cette signataire de Cléon. « Depuis quand un cimetière est un lieu d’animation ? », s’interroge encore cette Elbeuvienne. Pourtant, des visites de ce type, il y en a déjà eu au cimetière Monumental de Rouen, et dans de très nombreuses villes de France. C’est même, selon Guy Pessiot, président de l’office de tourisme, de plus en plus demandé. « Je suis moi- même un mordu de cimetière. Quand je vais dans une ville, je visite le cimetière, car cela m’en apprend plus sur son histoire. »

Le cimetière doit-il être un lieu de vie ou un sanctuaire ?

La municipalité rouennaise a même mené des actions dans ce sens, à travers la commission du patrimoine des cimetières que Guy Pessiot préside. « Nous avons implanté 115 panneaux au Monumental, pour

évoquer les personnalités qui y sont enterrées. Nous réfléchissons même à installer un système de QR code, afin d’accéder à leurs biographies via un smartphone, comme cela se fait dans d’autres villes. Nous avons aussi nettoyé une bonne centaine de tombes et remis en état, avec l’accord des familles, une quinzaine d’autres, comme celle de Jules Senard, l’avocat de Flaubert dans le procès de Madame Bovary. »

Selon une étude du Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), les Français se rendent de moins en moins dans la dernière demeure de leurs proches, même à la Toussaint. En 2014, 14 % avouaient ne jamais fréquenter les champs du repos, contre 11 % en 2007. L’éloignement familial, l’augmentation de la part des crémations (25 % à Rouen), le recul de la religion catholique, sont autant de raisons à la désertion. L’émergence d’un « tourisme funéraire » permet donc d’apporter un peu de vie à ces lieux, pour éviter qu’ils ne tombent dans l’oubli. Lors d’un colloque sur l’évolution des cimetières organisé cet été dans la Manche, plusieurs communes ont fait part de leurs initiatives : visites à la bougie mais aussi expositions, journées du souvenir en musique... « Tout n’est peut-être pas bon à prendre, tempère Guy Pessiot, qui a assisté à ce colloque. Mais on constate que, à côté de leur vocation traditionnelle, les cimetières deviennent de plus en plus des lieux de vie. »

L’association Le Souvenir français, qui entretient la mémoire des combattants et dépose, à chaque Toussaint, des fleurs dans les cimetières rouennais (lire ci-contre), ne s’en offusque pas davantage. « Mon trésorier est un ancien gardien de cimetière : il m’a dit qu’à Saint-Sever [qui compte plus de 11 000 tombes du Commonwealth NDLR] quelqu’un était venu jouer de la cornemuse devant une tombe, raconte Gilbert Waxin, président de la délégation rouennaise. On a aussi déjà vu des orchestres à des funérailles de jazzmen... Est-ce un sacrilège ? À titre personnel, je dis que tant que c’est fait dignement, ça ne me dérange pas. Trop peu de gens rentrent dans un cimetière, alors que c’est la mémoire d’une ville. Si des visites permettent aux habitants d’y aller davantage, c’est bon signe... »

Les férus d’histoire pourraient ajouter que c’est un juste retour des choses : au Moyen Âge, les cimetières étaient des lieux de marché, foires et divertissements. Afin que les morts ne soient pas coupés des vivants.

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Pour débattre ou/et réfléchir :

VOIR :
- Quelles sont nos habitudes de Toussaint ?
- Quels rites dans les obsèques nous parlent le plus ?
- Allons-nous visiter des cimetières ? A quelle fréquence ? Pourquoi ?
- Quel art funéraire dans nos cimetières nous parlent le plus ? Quelles inscriptions ?

JUGER :
- Que représentent les funérailles pour nous ?
- Comment comprenons-nous « la communion des saints » ? - Le deuil est-il plus facile pour un croyant ?
- Le cimetière doit-il être un lieu de vie ou un sanctuaire ?

AGIR :
- Quel place accorder aux défunts qui nous sont proches ? - Comment enrichir nos prières vis-à-vis de nos défunts ?


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